C'était un jeudi, je ne l'oublierai jamais.
La veille, nous nous étions rendus chez ma gynécologue et ce fut un des plus beaux moments de ma vie que celui où elle m'appris que j'attendais une petite fille...
Après deux garçons, rien ne pouvait me rendre plus heureuse, je l'avais tellement attendue...
J'avais une petite Blanche qui vivait en moi, avec laquelle je partagerais le bonheur d'être une femme...
Et puis ce jeudi-là, alors que je regardais le journal de 13 heures, je restai pétrifiée...
Le bonheur de la veille avait disparu, la peur, l'horreur m'avaient envahie.
Le sujet qui m'avait terrassée était l'excision.
Le pire mot que le dictionnaire puisse contenir, le plus barbare, le plus cruel, le plus douloureux.
Les images que j'ai vues ce jour-là me hantent depuis huit ans...
Je vois encore très nettement les jambes de ce bébé écartées et le couteau s'en approcher...
J'entends encore les hurlements de cette petite fille...
La journaliste m'avait pourtant prévenue, "âmes sensibles s'abstenir"...
J'en avais pourtant déjà entendu parler mais sans jamais avoir vraiment conscientisé l'horreur à son point ultime.
Mon coeur s'est soulevé, mes entrailles se sont revulsées.
J'en suis presque venue à regretter qu'une petite fille de plus naisse en ce monde par ma faute.
De toutes les horreurs dont l'homme est capable, celle-ci est la plus abominable à mes yeux.
Et que ce soit une femme qui pratique cette tradition barbare, même si c'est sous l'autorité de l'homme, me dépasse.
L'horreur s'est encore accrue hier soir lorsque j'ai visionné
"Fleur du Désert", l'histoire du Top Model Waris Dirie.
Ma fille, logiquement, échappera à cette torture,...en tous cas, je l'espère...
Mais combien d'autres la connaîtront ?
Combien de petites filles, à l'instant où j'écris, ne subissent pas cette mutilation, hurlant vers la maman, qui pleure, pieds et poings liés par les coutumes de son peuple ?
6000 enfants le vivent chaque jour dans tous les continents de ce monde... même ici, même chez nous.
Que faire pour que tout cela change ?